Qu’est-ce que la nutrigénomique? Quelles sont les applications pour nos chiens? Swanie Simon, naturopathe pour animaux a écrit un article simple et pratique sur cette science. Voici son article traduit ci-dessous avec son autorisation.
Nutrigénomique – vous êtes ce que vous mangez
Le terme nutrigénomique est composé des termes « nutrimentum » (en latin : aliment) et « génomique » (l’analyse systématique de tous les gènes actifs).
Cette branche relativement nouvelle de la recherche traite de l’interaction entre la nutrition et les gènes ou le génome d’un individu. La nutrigénomique est l’étude de l’influence des aliments et des nutriments bioactifs sur l’expression des gènes.
L’épigénome
Chaque gène code en moyenne 3 types de protéines. Ces protéines accomplissent de nombreuses tâches importantes dans l’organisme. Par exemple :
- Les enzymes sont des biocatalyseurs
- Les hormones contrôlent divers processus dans le corps
- Certaines protéines jouent le rôle de transporteur des molécules dans le corps
Les gènes ne produisent pas leurs protéines constamment dans chaque cellule. La cellule peut modifier la quantité de protéines synthétisées en régulant à la hausse ou à la baisse différents gènes ou en les activant ou en les désactivant. Cette régulation – également appelée expression génétique – peut avoir des effets tant positifs que négatifs sur la santé. L’expression génétique est contrôlée par l’épigénome, une couche structurelle qui entoure l’ADN et les protéines qui y sont attachées. L’épigénome est responsable des processus chimiques qui contrôlent l’expression des gènes. Il réagit aux signaux environnementaux, y compris la nourriture. (note traducteur : c’est ce que l’on appelle aussi l’épigénétique).
Influence de l’alimentation sur plusieurs générations
L’épigénome est transmis de génération en génération, de sorte que le régime alimentaire des parents influence non seulement leur propre épigénome, mais détermine également l’épigénome de leur progéniture. Vous pouvez influencer l’épigénome par l’alimentation, par exemple en mangeant des aliments frais et de qualité.
Selon le Dr Jim Kaput, l’un des pionniers de la nutrigénomique, elle peut être résumée en 5 principes directeurs :
1. Les produits chimiques alimentaires courants agissent directement ou indirectement sur le génome pour modifier l’expression ou la structure des gènes.
2. Dans certaines circonstances et chez certains individus, l’alimentation peut être un facteur de risque sérieux pour un certain nombre de maladies.
3. Certains gènes régulés par l’alimentation sont susceptibles de jouer un rôle dans l’incidence, l’évolution et la gravité de certaines maladies chroniques.
4. Le degré d’influence de l’alimentation sur l’équilibre entre les états sains et les états pathologiques peut dépendre de la constitution génétique d’un individu.
5. L’adaptation du régime alimentaire en fonction de la connaissance des besoins en nutriments, de l’état nutritionnel et du génotype (« nutrition individualisée ») peut être utilisée pour prévenir, atténuer ou même guérir les maladies chroniques.
Processus inflammatoires dans le corps
Les processus inflammatoires sont un facteur essentiel dans le processus de santé ou de maladie de chaque organisme. Ici, ce ne sont pas les inflammations typiques visibles de l’extérieur qui sont importantes, mais les inflammations au niveau cellulaire.
Ces processus inflammatoires font partie de la défense naturelle et sont différenciés selon qu’ils sont aigus ou chroniques. Les processus inflammatoires aigus sont des réactions du système de défense aux agents pathogènes et disparaissent généralement rapidement. Les processus inflammatoires chroniques sont ceux qui ne disparaissent pas une fois que l’agent pathogène ou supposé tel a été détruit, mais qui continuent d’exister, souvent sous une forme affaiblie.
Ce sont précisément ces processus inflammatoires chroniques qui sont partiellement ou totalement responsables du développement de nombreuses maladies. Des exemples de maladies pouvant être liées à des processus inflammatoires chroniques sont le cancer, les maladies auto-immunes, les troubles digestifs, les problèmes de peau, les allergies, l’arthrite, le diabète et les maladies des organes. L’obésité peut également jouer un rôle dans ce domaine.
En utilisant des aliments anti-inflammatoires ou en évitant les aliments pro-inflammatoires, les processus inflammatoires chroniques peuvent être contrés en influençant positivement l’expression des gènes. Par exemple, les antioxydants, certaines vitamines B, le zinc, le fer, le manganèse et le magnésium sont associés à la stabilité du génome.
Aliments fonctionnels
Les « aliments fonctionnels » sont des aliments ou des composants alimentaires qui contiennent certaines substances, par exemple des acides aminés, des phytonutriments, des substances phytochimiques et des vitamines, qui favorisent une expression génétique saine en envoyant les bons signaux à l’épigénome. En général, ces aliments ont un effet anti-inflammatoire sur le corps.
Bien que certains aliments puissent être considérés comme fonctionnels dans presque tous les organismes, en raison de l’unicité du génome individuel, il existe des aliments qui sont fonctionnels chez certains individus et pas chez d’autres. Les intolérances alimentaires en sont un exemple : un chien tolère le bœuf et pas l’autre. Mais pour les deux, les acides gras oméga-3 EPA et DHA sont des aliments fonctionnels qui sont généralement anti-inflammatoires.
Une autre influence sur la fonctionnalité d’un aliment est l’origine, le traitement et la charge toxique à laquelle il est exposé. De nombreux aliments par ailleurs fonctionnels perdent leurs propriétés bénéfiques pour la santé lorsqu’ils sont génétiquement manipulés ou traités avec des pesticides, des antibiotiques ou d’autres agents nocifs. Par exemple, l’huile d’un poisson sauvage provenant d’eaux propres peut être un aliment fonctionnel, tandis que l’huile du même poisson provenant d’une ferme piscicole où les poissons sont nourris avec des granulés non naturels et traités aux antibiotiques peut avoir un effet négatif sur l’épigénome et causer des dommages à long terme sur la santé.
Qu’est-ce que cela signifie pour nos chiens et nos chats ?
Pour créer un régime avec les aliments les plus fonctionnels possibles, il faut non seulement éviter les aliments connus pour être toxiques pour nos animaux de compagnie, comme les oignons, le chocolat, le raisin, etc. mais aussi prêter attention aux autres facteurs qui réduisent la fonctionnalité des aliments.
Il convient notamment d’éviter les éléments suivants :
- Produits OGM
- Viande provenant d’élevages industriels
- Aliments contaminés par des antibiotiques
- Aliments contaminés par des hormones
- Aliments pulvérisés avec des pesticides
- Aliments contenant de grandes quantités de protéines végétales
- Aliments moisis, nourriture avariée
- Beaucoup d’hydrates de carbone
- Glucides à indice glycémique élevé
- Les colorants artificiels
- Les conservateurs artificiels
- Et tout aliment auquel l’animal individuel présente une intolérance.
Les aliments préparés par soi-même sont la meilleure solution.
Si vous pratiquez déjà l’alimentation BARF ou si vous cuisinez la nourriture de votre animal à partir d’aliments frais, vous êtes sur la bonne voie pour envoyer des signaux sains à l’épigénome.
Selon le Dr Jean Dodds, vétérinaire et auteur, il existe 3 clés pour une alimentation optimale des chiens et des chats :
1. La variété,
2. La densité nutritionnelle, et
3. Les aliments entiers et frais.
Certains nutriments sont souvent absents des rations préparées à la maison, en particulier les acides gras oméga 3 avec EPA et DHA, le zinc, le sélénium et les vitamines D et E. Les erreurs courantes dans la composition de l’alimentation comprennent une trop faible teneur en graisses, l’absence d’abats et l’élimination des os de l’alimentation sans remplacement.
Aide à l’élaboration du plan d’alimentation
Swanie Simon finit son article en donnant des ressources allemandes vu qu’elle pratique en Allemagne. Si vous parlez allemand, vous pouvez aller voir son site très riche en information et vous trouverez l’article original.
En France, vous pouvez consulter le site de l’association https://barf-asso.fr/
Vous pouvez également être intéressée par le livre de Swanie Simon Je nourris mon chien naturellement. Je vous ai mis le lien vers notre boutique. C’est un livre court mais très complet et surtout très pratique, qui vous guide pas à pas, et dans la bienveillance, sur le chemin de l’alimentation crue.
Vous pouvez également consulter l’article sur le BARF qui vous présente l’alimentation crue dans ses grandes lignes et celui sur le calculateur de régime BARF pour préparer vos menus.
Sources :
Kaput J et Rodriguez R ; « Physiol Nutritional genomics : the next frontier in the post-genomic era » ; Genomics 16 : 166-177, 2004 ; 10.1152 / physiolgenomics.00107.2003.
Wayne R. Bidlack, Raymond L. Rodriguez ; » Nutritional Genomics : The Impact of Dietary Regulation of Gene Function on Human Disease » CRC Press ; 1 édition (19 avril 2016).
Dodds, W. Jean, et Diana Laverdure ; Canine Nutrigenomics : The New Science of Feeding Your Dog for Optimum Health ; N.p. : Dogwise, 2015. Imprimé.